Eh oui, je me suis essayée à Criminal Minds lol! Alors voilà ce que ça donne (oui, pas très bavarde ce soir):
Phobie
-Reid, tu vas interroger le suspect avec Morgan.
L’ordre de Aaron Hotchner tomba ainsi, aussi brutal que la foudre, aussi violent que le tonnerre. Un épais brouillard de silence suivit.
Dans les bureaux de la Behavior Analysis Unit, plus personne n’osait ni bouger, ni parler, ni même respirer. Le silence qui les enveloppait était chargé de reproches, de colère, de rancune et de peur. Des sentiments qu’ils avaient l’habitude d’étudier mais qu’il était plus rare qu’ils ressentent. Surtout tous en même temps. Surtout aussi fort. Et pourtant. C’était à présent le cas. Tout cela se lisait dans leurs regards, dans leurs attitudes et leur immobilité, dans leur silence.
Derek Morgan, Pénélope Garcia et Jennifer Jareau se regardèrent, à la fois intrigués et gênés. A leurs oreilles résonnaient encore la dispute à laquelle ils venaient tout juste d’assister. Devant leurs yeux se reflétaient encore les images qu’ils n’oublieraient pas de si tôt. Ils se retrouvaient au centre de ce qui aurait pu être un champ de bataille, à savoir des choses qu’ils n’auraient pas dû entendre et à les comprendre bien plus qu’ils ne le voudraient. Ils se retrouvaient tout simplement devant un être humain avec ses faiblesses et ses peurs. Devant un héros, un génie qui, finalement, était comme le commun des mortels. Tout aussi apeuré et timide que les autres.
Pour une fois, Reid avait refusé d’obéir à un ordre. Le petit garçon qu’il était prenait de l’assurance, se relevait pour clamer haut et fort qu’il n’était plus si petit qu’on le croyait.
Seulement, Hotch n’avait pas accepté un tel refus. Il ne voyait aucune raison suffisante pour dispenser Reid d’aller interroger ce suspect… ce coupable. Etant le chef, il avait renouvelé son ordre et le jeune homme renouvela son refus. La détermination brillait dans leurs regards, au départ. L’agacement avait suivit. Pourquoi l’autre n’écoutait-il pas ? Pourquoi n’acceptait-il pas ? La colère était arrivée, lentement mais sûrement. Comme un liquide que l’on fait couler dans les veines, qui remplace peu à peu le sang. Le ton était monté. Le refus était de plus en plus catégorique, l’envie de comprendre se transformait en obligation. Un ordre était un ordre. Et alors, ils l’avaient vu. Ou peut-être Derek était-il le seul à l’avoir clairement vu. La peur dans les yeux de Reid. Une profonde terreur.
-Je…
-Non. Je ne veux rien savoir, tu vas interroger le suspect avec Morgan. Un point c’est tout. Trancha Hotch
***
-C’est quoi le problème ? Demanda Morgan, quelques instant plus tard
Reid et lui se dirigeaient lentement vers la salle d’interrogatoire prêtée par la police. Les couloirs étaient étroits, les murs gris. A peu près comme l’état d’esprit des deux jeunes hommes.
Reid n’osa pas tourné son regard vers Morgan. Il le sentait pourtant le fixer, attendant plus ou moins patiemment une réponse. Mais comment lui en donner une ? Comment lui expliquer ce qu’il n’avait pas pu exprimer à Hotch quelques minutes plus tôt ?
-Ce tueur… réveille une phobie que j’ai… depuis l’enfance. Dit-il, doucement, honteux
Il ne voyait pas d’autres moyens de l’expliquer.
-Une phobie ? Répéta Morgan
-Oui, un ensemble de troubles psychologiques axés sur une entité extérieure capable de susciter une peur irrationnelle.
-J’avais oublié que t’es un génie.
Reid leva les yeux au ciel. Mais même ce petit échange ne l’aidait pas. Il savait que Morgan se moquait de lui uniquement pour lui faire oublier cette phobie. Pour qu’il ne se rende plus compte qu’ils approchaient irrémédiablement de la salle d’interrogatoire, de leur suspect, du tueur. D’une personne atteinte de schizophrénie. Mais c’était bien pire que cela, et plus rare aussi. Dans cette salle, l’attendait une femme schizophrène. Une mère de famille. Comme la sienne.
Morgan s’arrêta soudain et Reid leva enfin la tête vers lui.
-T’as peur de quoi ?
-C’est une sorte de… nosophobie.
-Peur de la maladie ? Mais, tu es profiler, tu ne peux pas…
Il s’interrompit.
Si, il pouvait. Reid baissa encore la tête et reprit lentement son chemin. Oui, il avait terriblement peur de se retrouver face à cette femme. Cette personne qui lui rappelait tant sa mère, qui lui montrait que celle à qui il devait tout pouvait un jour devenir celle à laquelle il retirerait tout. Pour l’envoyer en prison. Il avait peur d’avoir pitié, de voir la visage de sa mère à la place de celui de cette inconnue. Il passa ses mains dans ses poches et ralentit son allure. Il avait toujours appris à faire la part des choses, à séparer le travail et le reste. Mais là. Cette peur la poussait à tout confondre. Il n’arrivait pas à lutter.
Morgan s’arrêta une nouvelle fois et l’attrapa par le bras.
-Ecoute Reid. Si tu viens tu vas plus me gêner qu’autre chose, alors va faire un tour.
-Mais…
-Hotch n’en saura rien, d’accord ?
Le regard de Reid s’illumina soudain.
-Merci. Dit-il timidement
-Ne me remercie pas.
Il n’en avait pas besoin. Morgan le comprenait. Il savait ce que c’était que d’avoir une phobie. Et il savait que Reid n’était pas prêt à affronter cette peur.