La jeune fille était face à l’hôpital, le trafique était dense. Des gens entraient et sortaient tout le temps, les portes n’étaient presque jamais fermées. Elle commençait dans 10minutes, son premier boulot. Finalement elle pénétra dans le bâtiment. Dans la salle de triage des infirmières et infirmiers se penchaient sur chaque personne en lui demandant ce qui l’amenait ici. Dans sa tête, Sonny répéta son rôle « bonjour, qu’est ce qui vous amène ? Bien, je vais en parler à un médecin, veuillez vous installer sur ce lit merci… » elle s’imaginait presque devenir machine au bout de 1semaine... Elle se présenta à l’accueil à un gros baraqué.
S- Bonjour, je suis la nouvelle infirmière…
L’homme la regarda au dessus de ses lunettes et rigola.
F- wouai wouai… Bon, le service psychiatrique c’est au deuxième étage…
Et l’homme retourna à ses papiers. Sonny s’était passé dans la tête un tas d’autres scénarios dans lequel, au moment d’annoncer son arrivée un très grave patient serait arrivé, elle serait monté sur le brancard et après avoir effectué parfaitement tout les soins possibles et inimaginables, tout l’hôpital se serait tourné vers elle et aurait demandé « mais qui es-tu ? » et elle aurait prôné fièrement son nom « je suis Sonny Overstreet ! »… Mais à la place de cette entrée fulgurante, un gros standardiste la prenait pour une folle… Ce n’était évidemment pas le début qu’elle aurait espéré. Un médecin qui se trouvait derrière le comptoir et qui avait entendue la discussion s’approcha et tapa avec son coude dans le bras du gros lard. Il sourit et dit.
J- bonjour, je suis John Carter, j’ai été prévenu de votre arrivée. Bienvenue mademoiselle... ( en cherchant dans ses papiers) mademoiselle Overstreet. Kerry Weaver ne devrait pas tarder, c’est la chef du service…
L’homme était plutôt grand, fin et très mignon. Mais Sonny ne se faisait pas d’illusions, il était impossible qu’il se passe quelque chose. En effet, ayant sauté 2classes et ayant réussi brillamment son concours d’infirmière elle commençait à travailler au sein de cet hôpital à l’âge de 17ans… Enfin 16ans et demi… Bientôt l’œil de l’homme pétilla… Il la regardait. Le cœur de la jeune fille s’emballa. Serait-ce possible qu’il est était totalement subjugué par la beauté de Sonny ? Il était vraie que le nouveau fond de teint qu’elle avait acheté lui allait bien… Ou alors serait-ce ses cheveux ? Arrivée à Chicago depuis peu de temps elle avait optée pour un nouveau shampoing, pour inaugurer sa nouvelle vie… Et elle la vit d’ici : au bras de ce charmant jeune homme, entrain de boire un verre de vin dans un restaurant chic avec une robe magnifique, comme celle qu’elle venait d’acheter pour environ 500$… Peut être était-il devint et qu’il l’avait vu dans le magasin entrain d’essayer la robe…
J- Kerry la nouvelle infirmière est là !
A ce moment, tout son monde venait de s’effondrer à cause de cette Kerry… Elle lui ferait payer. La nouvelle infirmière en question se retourna et découvrit une femme, les cheveux roux, et marchant à l’aide d’une béquille. Sonny avait toujours trouvé paradoxale qu’il y ai toujours un médecin encore plus mal en poing que certains patients de l’hôpital. En hypocrite bien éduquée elle s’inclina un peu et dit avec un grand sourire.
S- Bonjour.
La femme lui renvoya le mot et observa son dossier. Puis elle leva la tête et sourit à la jeune fille.
K- ben vous allez commencer tout de suite on a un AVP qui arrive…
La jeune fille alla à son nouveau casier et enfila rapidement son habit d’infirmière après quoi elle attendit pendant 5minutes dans une salle avant de se rendre compte que c’était à côté que l’AVP avait été transporté.
L- vous vous êtes perdue ?
A mort le beau américain de tout à l’heure, la jeune fille venait de se rapprocher aussi bien psychologiquement que (elle espérait) physiquement des pays de l’Est de l’Europe. En effet un homme, grand et musclé, typé yougoslave, avec une veste de médecin était penché sur le patient arrivé aux urgences et attendait la réponse de la jeune fille. Timidement
S- ben heuuu… oui
Et voilà, elle se faisait passer pour une cruche, ce qu’elle n’était, d’habitude, pas. En fait, elle maudissait ce genre de personne, mais maintenant il fallait fournir une meilleure image d’elle même… Elle se posta tout de suite devant le patient. Celui-ci commençait à devenir tout bleu.
L- bon on fait une trachéotomie… On lui pose une sonde de Foley.
Les deux infirmières présentes regardèrent la nouvelle. Et voilà, comme premier sauvetage héroïque, elle allait devoir mettre une sonde de Foley… Pas une superbe réanimation, ni un massage cardiaque exemplaire, non une sonde de Foley… Bizarrement, à l’école d’infirmière ce fut la chose qu’ils étudièrent le moins. En effet la reproduction du membre concerné… surtout masculin… était tellement bien faite que bien souvent, les classes composées presque exclusivement de filles ne tenaient plus en place. Sonny avait toujours su garder son calme pour cette opération mais le faire sur un patient vivant, masculin, ne bouleversait pas ses hormones, mais la dégoûtait tout simplement. Non, ils n’auraient pas pu la placer aux côté du bel européen pour qu’elle puisse lui dire, paniqué « la SAT chute ! » ou alors, soulagée «Rythme sinusal » avant de faire une embrassade… plus particulièrement au médecin présent en ce moment… Non à la place de tout ça elle devait péniblement mettre une sonde de Foley ! Mais qu’avait-il était cherché ce Foley que c’était aux infirmières de faire ça… Quoi que, l’image du beau yougoslave entrain de mettre la sonde dans l’intimité de l’homme devenue tout bleu aurait un peu ternie l’image du médecin héroïque et courageux…
Après avoir mit cette maudite sonde, elle se redressa sous les regards amusés des infirmières, heureuses d'avoir une pigeonne pour effectuer les taches humiliantes. Heureusement, le beau médecin était plus concentré sur sa trachéotomie que sur Sonny… A son grand désespoir.
L- on lui fait un gaz du sang.
La nouvelle se redressa et s’apprêta à faire une prise de sang, une action à peu prés valorisante pour changer, mais une autre infirmière fut plus rapide qu’elle et cette dernière s’en alla vers le laboratoire…
L- bon, au moins il respire, c’est déjà ça…
Il leva la tête vers Sonny et après avoir enlever ses gants tendit sa main… Une grande main, réconfortante et forte. Sonny failli oublié d’enlever ses gants enduits des résidus que cause la pose d’une sonde de Foley et serra la main. En effet, forte.
L- Mademoiselle Overstreet c’est ça ? Kerry m’a parlé de vous.
Kerry venait de remonter dans les sondages, elle était passé du grade « fouteuse en l’air de coup de foudre amoureux » en « honorable femme ayant fait connaître une humble jeune fille à un superbe Est Européen… »
L- vous vous êtes bien débrouillée.
S- si poser une sonde de Foley sans s’évanouir devant l’horreur de la scène c’est bien alors, oui j’ai fais du bon boulot.
Et hop, maintenant on allait lui coller l’étiquette « orgueilleuse » et elle l’aurait bien cherché. Mais au lieux de voir la tête de l’homme, situé en altitude, soupirer, il rigola. Point en plus ! Encore quelques points et ça aller être bon !
Malheureusement les salutations n’allèrent pas plus loin et Sonny du suivre une infirmière pour ausculter et examiner les patients. Elle s’appelait Abbigail mais tout le monde l’appelait Abby. Elle était très gentille et avait un air comique, très spontané et une énergie presque inépuisable. En fin d’après-midi la jeune fille avait fini sa garde. A 18h30 elle sortit de l’hôpital et décida d’aller dans un bar pour fêter sa nouvelle place dans la société.
Puis sur le chemin d’un bar qu’elle avait croisée à l’aller elle découvrit un tout petit parc, vide avec deux balançoires au milieu. Le lieux, au milieu d’une verdure foisonnante, d’un petit village et remplie de bambins aux joues roses sautant dans tout les coins, aurait été agréable. Mais là, sans aucune végétation, les jeux en métal, rouillés, étaient glauques. Malgré cela, le soleil couchant faisant des dégradés de rouges dans les reflets du squelette en acier du jeux, les fins rayons qui éclairaient le parc en lui donnant un motif à rayure, rendait le lieux surréaliste. Et cette ambiance digne des plus beaux films d’horreur lui plaisait beaucoup. Elle préférait largement ces lieux réellement en marge des décors habituelles de la vie à une angoisse permanente dans un bar, dans la peur que quelqu’un vous demande vos papiers. Elle s’assit sur la balançoire et observa les grands immeubles qui emprisonnaient le petit espace. La tête tournait ver les nuages, elle entendit quelqu’un s’asseoir sur la balançoire à côté d’elle. C’était John Carter, le médecin qui l’avait accueillie. Bien sur l’homme grossier ne comptait absolument pas.
J- tu t’isole ?
S- non, j’isole les autres plutôt…
L’homme hocha la tête, il devait être entrain de réfléchir sur la notion philosophique des propos de la jeune fille.
S- et vous ?
J- moi je tarde avant de rentrer chez moi…
S- votre mère va vous disputez, vous ne devriez pas…
J- elle est trop occupée à coupler anxiolytiques et alcool et tes parents ?
S- Mon père? Il est pilote d'essai pour chaise longue. Il passe sa journée devant la télé a essayer de faire monter son taux de cholestérol au dessus de 4 grammes.[Susan (épisode 16 saison
]
J- et ta mère ?
S- j’en sais rien… Je suis sûre qu’elle a était élue miss Monde et qu’elle est entrain de me chercher pour me prendre avec elle, au milieux des palaces et des mannequins masculins de luxe.
J-…
S- mouais bon, ok, pas miss Monde… Femme d’un riche milliardaire alors…
J- je te donne ma place si tu veux.
S- tu es femme d’un riche milliardaire ?
J- non je suis le milliardaire.
Les yeux de Sonny pétillèrent à l’ouie de cette phrase. C’était quand même vachement déprimant de voir que c’était toujours les plus beaux et les plus intelligents qui avaient l’argent…
S- pff le destin m’a laissé de côté c’est dégueulasse… J’ai plus qu’à me marier avec un vieux plein de sous…
J- je ne comprends pas, tu as réussi tes études, et tu as l’air encadré par une famille attentive, pourquoi tu as tellement envie d’avoir de l’argent ?
Sonny fut un peut gênée, un court blanc marqua une pause dans le dialogue avant que la jeune fille reprenne de l’énergie et s’aidant de ses mains pour parler :
S- Mais avec de l’argent on a plus besoin d’attendre pour profiter de la vie, on a tout ce qu’on veut tout de suite !
John hacha la tête. En effet la jeune fille avait raison.
J- Tu as raison du point de vue matériel… Mais tu as pensé au point de vue relationnel ?
La jeune fille ne dit rien, pour la simple et bonne raison qu’elle n’y avait jamais pensé, pour elle l’argent n’avait qu’un côté matériel…
J- vu que tu n’a rien d’autre à donner que l’argent, lorsque tu as des enfants tu les rends heureux en leur achetant des jouets et autres jeux sans aucun intérêts… La haute société et froide et les enfants sont éduqués très strictement… L’image publique a de l’importance et prendre son enfant dans les bras ou l’embrasser et un signe de faiblesse, donc on évite le contact physique.
S- tes parents t’on ignoré ?
J- on va dire qu’ils avaient d’autres préoccupations.
Leur discussion fut interrompue par un lampadaire qui venait de s’allumer signalant l’heure tardive. John se leva et mit ses mains dans ses poches et sourie à Sonny.
J- je crois qu’il serait temps d’y aller, il va faire nuit et demain je crois savoir que tu commence tôt.
Sonny soupira, la vie normale et professionnelle reprenait le dessus. Mais maintenant qu’elle s’était à peu prés intégrée à la vie de l’hôpital le stress allait être moins dense qu’aujourd’hui.
Le médecin raccompagna l’infirmière jusqu’à sa maison. Typée comme dans les films aux happy end, un toit rouge et une façade blanche. Mais les arbres disposés dans la rue, morts, la façade sale, les escaliers pleins de journaux laissés à l’abandons et les bacs à fleurs sur les fenêtres qui ne contenaient plus que des cadavres végétales transformait le beau décor en une affreuse réalité, celle qui est banale et en dehors des écrans.
Sonny salua l’homme et franchit le pas de la porte. L’intérieur était le développement sans surprises de la façade. Un long couloir en parquet foncé et aux mûrs en bois sombre. Un porte clé accroché au mûr rendait totalement déprimant cette maison : un petit lapin rose aux couleurs ternis par le temps. Sonny avait l’impression que la maison se refermait sur le pauvre animal et le pourrissait. Les escaliers n’étaient pas éclairés et une lueur mouvante s’élevée du dessous de la porte qui conduisait au salon. Elle ouvrit la porte. Sur l’écran de la télévision s’affichait une jolie blonde à la poitrine siliconée, aux lèvres botoxées et aux sourire inexpressif. Elle montrait plusieurs choix de réponse à un candidat, vieux. Le présentateur lui était peut être pire que la présentatrice. Un costume vert et une abominable cravate rouge. Il avait les cheveux sculptés de gel et qui reflétaient presque le public situé devant lui. Des épingles invisibles tirés jusqu’à ses oreilles, ses lèvres. Ses dents blanches crevés les yeux et sa peaux lisse, certainement rescapée d’une bonne dizaine de re lifting, avait un teint orangé, couleur des UV et des produits autobronzant. Dos au canapé, la jeune fille ne pouvait que voir un bras pendre et à terre une seringue.