La Disparition de Charlie Parker ~ suite des USA et NB

Son corps inerte, à l'abandon, Danny fermait les yeux. Allongé là, depuis une éternité, sous un ciel bleu parsemé de légers nuages, il s'éloignait de ses tourments. S'éloignait de ses craintes, allant aussi loin qu'il le pouvait. Seulement en fermant les yeux.
Sur sa peau, il ressentait la chaleur des rayons du soleil. Ils enveloppaient son âme et son coeur dans un voile de douce quiétude, que le souffle d'une brise estivale parvenait à peine à soulever.
Il respirait l'air frais et pur qui l'entourait. En se disant que les habitants des grandes métropoles devraient y goûter bien plus souvent. En se disant que lui-même aurait dû y goûter bien plus tôt. Bien avant ce jour. Parce que tout paraissait bien plus léger. Parce que les images qui l'obsédaient, et la douleur qui le hantait depuis de longues semaines, paraissaient enfin un peu plus lointaines.
Il retourna ses paumes face contre le sol, et serra dans ses poings l'herbe sur laquelle il était étendu. Puis il les desserra, et se mit à effleurer les brins de verdures qui caressèrent ses mains. Et ses cicatrices.
Il n'avait plus rien à craindre.
"Regarde celui-là! On dirait un éléphant!"
Danny ouvrit les yeux, et vit la petite main d'Eileen pointée vers le ciel. Elle lui montrait un nuage aux contours irréguliers, qui avait effectivement la forme d'un éléphant, à la trompe fine, aux grandes oreilles et aux pattes légères qui s'évaporaient en volutes de fumée dans le bleu du ciel.
Il sourit à la démonstration de son imagination débordante.
Puis elle se redressa et se pencha près de lui. Il haussa alors un sourcil interrogatif.
"Je retourne me baigner!" lui annonça-t-elle subitement avant de lui déposer un baiser sur la joue, et de se lever d'un bond.
Il se redressa à son tour, sur ses coudes, et la regarda courir sur le ponton dans son maillot de bain vert à rayures blanches. Ses couettes virevoltèrent sur ses épaules, ses bras se balancèrent exagérément d'avant en arrière. Et puis elle poussa un cri de joie, et sauta dans l'eau du lac.


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J'espère que cette entrée en matière vous plait! La suite n'est pas tapé, même pas écrite, ou si peu, mais j'y tiens tellement, à cette histoire, que je la laisserai jamais tomber!
Thanx 4 reading!

C'est un délicieux apéritif ma Val adorée d'amour!

J'aime beaucoup ce paragraphe, doux, frais, on se croirait nous aussi allongé dans l'herbe à regarder ce joli nuage en forme d'éléphant et puis à suivre Eileen du regard jusqu'à ce qu'elle saute dans l'eau.

Parfait! Congratulations!

Vi cette fois, je vais essayer de ne pas me laisser déborder ! Alors même si j'ai pas fini de taper le com de "Nuit Blanche" mais je m'y attèle très sérieusement je te rassure , c'est en court , et bien je me dois et je te dois de te suivre sur celle-ci ! Tu as tellement de talent ! Merci pour toutes ces émotions que tu nous donnes !



On se sent bien, tout comme Danny !! Et qu'est-ce que je suis heureuse pour lui, qu'enfin il est l'impression que la douleur de son coeur, de son âme s'estompe, s'éloigne.

C'est tellement bien écrit comme d'habitude qu'on a l'impression d'être avec lui dans l'herbe, qu'on sentirai presque les brins d'herbe nous piquer doucement le dessous de notre paume de main et le souffle léger de la brise sur notre visage.

Et puis cette petite fille, Eileen est tellement nature, que moi aussi je l'imagine très très bien faisant un bisous à Danny avant d'aller se baigner ! Et moi aussi je suis sûre qu'elle va lui redonner le goût à la vie ! car Eileen c'est l'innocence, la simplicité, la spontanéité, l'enfance quoi, devant laquelle les barrières, les carapaces, les douleurs tombent !

C'est un formidable, sensationnel, attendrissant apéritif ma Grenouille.

Et la suite?

Alors! Mesdames et Mesdemoiselles! Cette fic me vient du fin fond de mes entrailles, c'est pour ça qu'elle prend du temps! Je vais la découper en petits chapitres, ça sera plus facile pour moi, je pense! J'espère que vous m'en voudrez pas de la poster au compte goutte, par contre!


Donc voilà la suite! Je vous remets le début avec, OK? Y'a pas long, j'vous préviens, hein!

Presque Rien

Son corps inerte, à l'abandon, Danny fermait les yeux. Allongé là, depuis une éternité, sous un ciel bleu parsemé de légers nuages, il s'éloignait de ses tourments. S'éloignait de ses craintes, allant aussi loin qu'il le pouvait. Seulement en fermant les yeux.
Sur sa peau, il ressentait la chaleur des rayons du soleil. Ils enveloppaient son âme et son coeur dans un voile de douce quiétude, que le souffle d'une brise estivale parvenait à peine à soulever.
Il respirait l'air frais et pur qui l'entourait. En se disant que les habitants des grandes métropoles devraient y goûter bien plus souvent. En se disant que lui-même aurait dû y goûter bien plus tôt. Bien avant ce jour. Parce que tout paraissait bien plus léger. Parce que les images qui l'obsédaient, et la douleur qui le hantait depuis de longues semaines, paraissaient enfin un peu plus lointaines.
Il retourna ses paumes face contre le sol, et serra dans ses poings l'herbe sur laquelle il était étendu. Puis il les desserra, et se mit à effleurer les brins de verdures qui caressèrent ses mains. Et ses cicatrices.
Il n'avait plus rien à craindre.
"Regarde celui-là! On dirait un éléphant!"
Danny ouvrit les yeux, et vit la petite main d'Eileen pointée vers le ciel. Elle lui montrait un nuage aux contours irréguliers, qui avait effectivement la forme d'un éléphant, à la trompe fine, aux grandes oreilles et aux pattes légères qui s'évaporaient en volutes de fumée dans le bleu du ciel.
Il sourit à la démonstration de son imagination débordante.
Puis elle se redressa et se pencha près de lui. Il haussa alors un sourcil interrogatif.
"Je retourne me baigner!" lui annonça-t-elle subitement avant de lui déposer un baiser sur la joue, et de se lever d'un bond.
Il se redressa à son tour, sur ses coudes, et la regarda courir sur le ponton dans son maillot de bain vert à rayures blanches. Ses couettes virevoltèrent sur ses épaules, ses bras se balancèrent exagérément d'avant en arrière. Et puis elle poussa un cri de joie, et sauta dans l'eau du lac.
Il pencha alors la tête en arrière et contempla à nouveau le ciel, sans abandonner son sourire.
L'éléphant avait fait un peu de chemin, et ses contours étaient encore un peu plus flous, mais son âme était toujours là-haut.
Il s'allongea sur l'herbe et ferma les yeux, restant là, immobile, quelques minutes.
Il entendait la petite qui barbotait dans le lac, et le chant des oiseaux. Il sentait l'odeur de l'herbe et de la terre, celle de l'air et du vent, avec l'impression de respirer pour la première fois, depuis qu'il était sorti de la cave de McKie.
Et pour la première fois, aussi, il se surpris à penser qu'il pourrait peut-être réussir un jour à tourner la page. A défaut de pouvoir l'arracher, évidemment...
Mais pour ça, il fallait commencer par penser un peu moins à lui. Et par effacer un peu ses propres souvenirs, pour s'occuper de ceux d'Eileen. De ceux qu'elle emporterait avec elle dans ses valises, quand ils rentreraient à New York.
Il prit quelques profondes inspirations qu'il expira longuement, et puis finalement se leva. Il y avait bien longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi bien. Pourtant il n'était là que depuis quelques heures. A croire que le changement d'horizon ne lui était pas devenu seulement profitable, mais vital.
Il s'avança, pieds nus, sur le ponton. Les planches étaient toutes chaudes de soleil. Arrivé au bout, il s'assit, et plongea ses pieds dans l'eau du lac.
"Danny Danny Danny!!" s'écria Eileen frénétiquement en nageant vers lui. "Elle est super bonne! Tu viens pas te baigner?"
"Non, merci! Peut-être une autre fois."
Eileen lui adressa une grimace un peu déçue, mais se vengea en moulinant ses mains à la surface de l'eau à toute vitesse pour l'éclabousser sans le moindre scrupule.
Danny ferma les yeux et resta pétrifié jusqu'à ce que l'orage soit passé.
"Je sais pas à quoi je m'attendais en venant m'asseoir ici", fit-il avant de rouvrir les yeux.
Eileen éclata de rire, toute fière d'elle. Son chéri était trempé. Et tandis qu'il essuya ses lunettes avec son t-shirt, résigné à ce que le soleil s'occupe du reste, Eileen bascula sur le dos pour faire la planche, puis agita ses bras et ses jambes pour voguer à la surface, toujours armée de sa bonne humeur.
Il esquissa un sourire, et l'observa avec attendrissement.
Comment pouvait-il encore croire une seule seconde que ces vacances au grand air allaient être un enfer pour elle, et donc pour lui?
Eileen s'éclatait toute seule dans le lac. Et il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle savait s'amuser avec presque rien. Elle n'avait besoin que de sa seule présence, en fin de compte. Alors lui, tout ce qu'il avait à faire, c'était être là, et veiller sur elle.
Il recevait tellement de choses, en retour. Des choses d'une simplicité désarmante, qui se trouvaient à portée de main, et de regard. Grâce à elle, il recevait tellement de bonheur, de sérénité et de chaleur, qu'il avait l'impression de flotter.
Dire que tout ce qu'elle avait à faire, de son côté, c'était de continuer à vivre sa vie de petite fille...

Wow! J'ai lu tout, les 2 premières parties et le dÃbut de celle-ci, et... tu m'as fait pleurer! Comme une madeleine en plus! Et je ne peux que te remercier car j'en avais besoin, de pleurer! Il y avait un trop plein... Enfin, je ne suis pas là pour raconter ma vie.

Ce que j'ai envie de te dire, c'est quel talent! Bravo!

Et, à quand la suite?

Merci beaucoup!! Ca me fait très grande joie partout à l'intérieur de moi!!
La suite dans quelques jours!

Si seulement

Même s'il ne passait plus de nuits blanches à proprement parler, et qu'il arrivait à trouver le repos à force de patience et de volonté, parfois seulement au petit matin, Danny était encore bien trop souvent tiré du sommeil par de terrifiants cauchemars.
C'est pour cette raison qu'il restait parfois des heures devant la télévision, à attendre que Morphée le prenne de force dans ses bras pour l'emmener là où il redoutait d'aller.
Si seulement cette nuit pouvait être différente des autres. Si seulement il ne pouvait rêver que de nuages voguant dans le ciel, de l'herbe ondulant sous le vent, et de sa princesse, cette petite fille heureuse, qui s'amusait dans l'eau du lac...
"Tu veux pas dormir?"
Allongé sur le canapé, sur le côté, le regard dirigé vers l'écran dont il ne suivait même pas les images, Danny se redressa et vit sa petite princesse à moitié endormie s'asseoir à ses pieds. Elle avait l'air un peu étonnée, et serrait son nounours dans ses bras.
"J'y arrive pas", lui dit-il. "Et toi?"
"Je suis allée au petit coin, et j'ai vu qu'il y avait de la lumière. Alors je suis descendue."
Il s'assit au milieu, et elle s'approcha de lui. Puis, adossés tous les deux au fond du canapé, l'un contre l'autre, ils restèrent là un moment, à regarder un documentaire historique à la télévision, sans le son.
"Tu as fait un cauchemar?" lui demanda-t-elle.
"Non. C'est juste que j'arrive pas à m'endormir."
Elle leva la tête vers lui et l'observa avec une légère perplexité: "Pourquoi?"
Il haussa les épaules. Les raisons, il les connaissait. Mais Eileen, elle, n'avait pas besoin de les connaître. Il préféra ne rien dire plutôt que de lui mentir. Pendant ce temps, il regardait les américains qui débarquaient en Normandie. Combien étaient morts là-bas? Loin de leur patrie? Pour la liberté.
"Tu as peur?"
Il oublia les plages françaises pour plonger son regard dans celui d'Eileen. Pourquoi était-ce si difficile de garder certaines choses secrètes? Pourquoi ce qui sortait de la bouche des enfants faisait parfois si mal? Parce que c'était empli de vérité?
Et que seule la vérité avait le pouvoir de blesser à ce point?
"J'ai... Un peu", avoua-t-il finalement.
Elle fit une moue attristée, et après quelques secondes de réflexion, prit la décision qui s'imposait.
"Tiens!" lui imposa-t-elle en lui mettant son nounours dans les bras.
Elle croisa ses bras à présent vides, et regarda ses deux amis s'observer attentivement. Danny et la peluche semblaient faire connaissance, silencieusement.
"Il veut dormir avec toi", lui apprit-elle. "Comme ça, tu feras pas de cauchemar."
"C'est très gentil de sa part", s'en étonna Danny. "Mais toi, tu es d'accord?"
Elle hocha la tête vigoureusement. "Pas de problème!" s'exclama-t-elle, joyeuse.
Elle semblait également très fière d'elle, surtout qu'elle avait la nette impression que c'était grâce à elle que réapparut sur le visage de Danny un sourire à la fois reconnaissant et attendri.
Il passa son bras autour de ses épaules, et elle se lova contre lui.
Eileen lui avait laissé son nounours pour la nuit. Alors qu'elle se trouvait loin de sa maison à New York, et loin de sa maman. Ce geste signifiait tant de choses, pour elle comme pour lui. Mine de rien, ça voulait dire qu'elle était si inquiète qu'elle sacrifiait pour un temps son besoin de se sentir protégée et rassurée. Quant à Danny, il trouvait là une raison de plus pour continuer à se battre, pour oublier, et vraiment tourner la page. Car c'était comme si elle venait de lui offrir une indispensable prise sur le haut mur qu'il tentait de franchir.
"Merci, Eileen."
"Il y a pas de quoi", sourit-elle.
"Tu tombes de sommeil", réalisa-t-il en tournant finalement la tête vers elle. "Allez, viens. On va dormir."
Elle hocha la tête et se mit sur ses pieds, tandis que Danny allait éteindre la télévision. Puis il revint vers elle, la prit par la main, et ils montèrent tranquillement les escaliers qui menaient aux chambres, à l'étage.
Il la mena jusqu'à son lit douillet, sur lequel elle s'allongea comme un zombie. Et puis il la borda, se pencha au-dessus d'elle, et l'embrassa sur le front. Il tenait toujours contre lui le nounours qu'elle lui avait prêté.
"Bonne nuit, Danny", lui souhaita-t-elle, avec le peu d'énergie qu'il lui restait, et son sourire qui s'évanouissait dans l'inconscience.
"Bonne nuit, ma princesse. Fais de beaux rêves."
Ensuite il attendit, assis sur le bord du lit, qu'elle s'endorme. Il ne fallut à la petite que quelques secondes pour sombrer dans le sommeil. Danny ne se souvenait même pas de la dernière fois que ça lui était arrivé.
Il se leva, et se dirigea vers sa chambre à lui, le nounours sous le bras, en espérant qu'il parvienne lui aussi à s'endormir comme un bébé, sans ressasser ses idées noires, et à faire de beaux rêves, pour une fois...

Oh Cette gamine est un ange.

C'est beau...
(que dire de plus? )

Citation :

Il recevait tellement de choses, en retour. Des choses d'une simplicité désarmante, qui se trouvaient à portée de main, et de regard. Grâce à elle, il recevait tellement de bonheur, de sérénité et de chaleur, qu'il avait l'impression de flotter.
Dire que tout ce qu'elle avait à faire, de son côté, c'était de continuer à vivre sa vie de petite fille...

Citation :

Elle semblait également très fière d'elle, surtout qu'elle avait la nette impression que c'était grâce à elle que réapparut sur le visage de Danny un sourire à la fois reconnaissant et attendri.

Ma Perl a écrit:

Et c'est connus, par amour on peut déplacer des montagnes, alors pourquoi pas tuer des cauchemars!

Sank you veri meuche!!! Je ne sais pas quoi vous dire! (à part que je vous relis aussi, très souvent! lol) Merci merci merci pour vos coms!!! J'ai du court, du très court, et du très long! Mais j'apprécie vraiment chacun d'eux! Merci! (bon ça va, maintenant! poste-le, ton chapitre! )




Quelques minutes plus tard, il se réveilla dans son lit. La lueur du soleil filtrait à travers ses paupières closes. Il se sentait bien. Et surtout reposé. Sous les couvertures, il n'avait ni trop chaud ni trop froid, et dans la pièce, la température était idéale. Le matelas avait parfaitement épousé les contours de son corps. Si bien qu'il ne songea même pas à bouger d'un pouce, pour s'étirer, ou encore se détourner de la fenêtre par laquelle la lumière du jour était éclatante.
Allongé sur le côté, il ouvrit lentement les yeux.
Quelque part au dehors, le chant d'un oiseau apporta la touche finale à cette atmosphère paisible et bucolique, si éloignée de l'agitation de New York.
Alors il avait réussi?
Il avait beaucoup de mal à y croire, mais s'il ne se souvenait pas avoir mis du temps à s'endormir, c'était bien, parce que le sommeil l'avait emporté aussitôt qu'il s'était blotti dans les couvertures?
Par contre, il n'avait réalisé qu'une partie de ce à quoi il avait aspiré la veille au soir (ou plus précisément tôt ce matin). Car dans ses rêves, il n'y avait pas eu de nuages flottant dans le bleu du ciel, ni d'herbe vacillante au gré du vent, ni de petite fille heureuse. En fait, il ne se souvenait même pas d'avoir rêvé. Tout ce dont il était sûr, c'était qu'il ne s'était pas réveillé en sursaut au milieu de la nuit, avec pour seule compagnie des ombres et la peur.
Réalisant tout cela, un frisson de bien-être lui parcourut la colonne vertébrale, le long du dos jusqu'à sa nuque, faisant réapparaître sur son visage le sourire qu'Eileen avait su faire renaître de ses cendres, la veille.
Il n'aurait pas cru tout cela possible. Pas si tôt. Pas à ce point.
Il se frotta les yeux et sentit, à cet instant, quelque chose de doux et de poilu contre lui, serré entre ses bras. En baissant les yeux, il perçut dans cette boule de poils, malgré sa vision floue, une oreille toute ronde, un museau et des petits yeux noirs attendrissants. Un ours, avec lequel il avait dormi profondément.
Il s'étira un peu, se leva et alla prendre une douche. Ensuite, il emmena avec lui la peluche d'Eileen quand il descendit à la cuisine.
C'est à peine s'il prêta attention à la douleur qui lui tenailla le genou gauche, et qui se rappelait à lui régulièrement, surtout quand il le sollicitait un peu trop, en descendant des escaliers avec un peu trop d'entrain, par exemple. Comme s'il n'avait pas le droit au repos. Comme si...
Mais c'était une bien trop belle journée qui s'annonçait pour la gâcher avec des souvenirs pénibles et inutiles. Des souvenirs qu'il avait tout juste commencé à effacer de sa mémoire, sous le ciel du Maine, près du lac. Du moins c'est ce qu'il espérait.
Il ignora donc la douleur, tout simplement. En se disant qu'il lui fallait continuer sur sa lancée, et éloigner encore et toujours le pire, pour ne garder que le meilleur. Ça lui était récemment devenu envisageable, alors il ne comptait pas s'en priver.
Il sortit des placards tout ce dont il avait besoin pour préparer un bon petit déjeuner, parmi tout ce que lui et Eileen avaient choisi dans les rayons de l'épicerie de Hartland, située entre la gare et la maison.
Il était près de dix heures. Heure que les petites filles en vacances ne dépassaient que très rarement. Sauf que sa princesse à lui avait une excuse en or, pour avoir fait un détour par le canapé, cette nuit, alors qu'elle tombait littéralement de sommeil.
Tout en fredonnant la chanson braillée par le poste de radio, il tenta d'apprivoiser la cafetière antique de la famille Parker. Une cafetière que les Parker s'étaient transmise de génération en génération, et qui avait l'avantage de faire un excellent café, lui avait-on dit.
Quand il eut enfin cerné le fonctionnement de la machine infernale et que tout fut prêt, il la mit en route, et elle émit alors un bruit de gargouillement extraordinaire, qui était cependant tout à fait normal (lui avait-on dit...). Finalement, les premières gouttes de café se déversèrent dans le récipient, et se transformèrent en un mince filet. Tout allait bien.
Il fut ensuite surpris par un petit gloussement de rire derrière lui. Quand il se retourna, il vit Eileen s'approcher de lui, dans son pyjama écru constellé de petites étoiles et de lunes, avec ses pantoufles assorties, et son air endormi.
Il se pencha vers elle et l'embrassa. Elle l'entoura alors par les épaules avec ses petits bras et le serra un instant contre elle.
"Bien dormi?" lui demanda-t-il.
"Oui!" fit-elle en allant s'asseoir à la table, où était déjà installé son bon vieux nounours. Elle le regarda en souriant.
Elle savait que ce n'était qu'une peluche, mais de le voir là en face d'elle, ça lui prouvait que Danny avait de la considération pour lui. Donc pour elle, et ce qu'elle avait fait. Ça voulait dire qu'il en avait été touché, et c'est comme ça qu'il la remerciait. Bien sûr, elle ne l'exprimait pas en ces termes, et ne l'exprimait même pas du tout. Mais c'est ainsi qu'elle le ressentait, au plus profond de son être.
"Et toi?" s'enquit-elle auprès de Danny, qui garnissait la table de verres, de bols, de bouteilles de jus d'orange et de lait, d'un paquet de céréales et d'autres choses encore.
"En fait", lui avoua-t-il pendant ce temps. "Il y a bien longtemps que j'avais pas dormi aussi bien."
"C'est vrai?"
Il hocha la tête et s'assit entre elle et le nounours.
"Tu dis pas ça pour me faire plaisir?" insista-t-elle.
"Pas du tout", lui assura-t-il. "De toute façon, si j'avais fait un cauchemar, tu l'aurais probablement su."
"Pourquoi?" s'étonna-t-elle en versant des céréales dans son bol.
Il y avait un tas de façon de dire la vérité à une enfant. Et Danny hésita seulement sur la forme. Car au fond, il ne voulait rien lui cacher (sauf le pire). Et parce qu'elle méritait des réponses à ses questions, autant que n'importe lequel de ses amis.
"Parce que... de temps en temps, quand j'ai très peur, je me réveille en criant. Il peut arriver que j'ai du mal à respirer, aussi. Et parfois, quand c'est vraiment moche, il m'arrive de... pleurer."
Eileen avait la bouteille de lait dans sa main, mais restait immobile. Elle dévisageait Danny avec gravité. Tout d'un coup, elle avait l'air d'avoir dix ans de plus. Elle ne semblait pas trouver impensable l'idée qu'un adulte tel que Danny puisse pleurer de temps en temps. Ce qu'elle avait du mal à se représenter, c'était ce qui pouvait pousser un adulte tel que lui, à avoir si peur, et à souffrir autant.
C'est ce qu'il lisait dans ses yeux.
"Si jamais ça devait arriver cette semaine..."
Son café était passé. Il se leva et se détourna d'elle une petite poignée de secondes avant de reprendre sa place et de poursuivre leur conversation: "il faudra pas t'inquiéter pour moi, tu veux? Parce que ça dure jamais très longtemps."
"D'accord. Je vais essayer", lui promit-elle en versant du lait dans ses céréales.
Il se servit son café en souriant. Cette gamine débordait de tendresse, et de sincérité. Elle ne se doutait absolument pas de tout le bien qu'elle lui faisait, malgré ses petites questions parfois embarrassantes et sa façon si innocente de remettre sur le tapis des choses dont il voulait se débarrasser.
"Et puis il y a bien longtemps que je n'avais pas dormi avec un ours en peluche", murmura-t-il sur le ton de la confidence. "Mais ça, c'est top secret!"
La façon dont elle pouffa de rire, en s'efforçant de ne pas recracher ce qu'elle venait de se mettre dans la bouche lui rendit aussitôt le sourire. Il posa son index sur sa bouche et ouvrit grand ses yeux. Alors elle acquiesça en tentant d'avaler sans encombres ses céréales.
"Je dirai rien! Promis, craché juré!" se réjouit-elle dès que ça lui fut possible.
"Parfait. Il faut que ça reste entre nous trois, c'est compris?" ajouta-t-il en s'adressant à la peluche.
Eileen éclata de rire.
Et leur petit déjeuner se poursuivit dans la même bonne humeur.
Quelle façon plus agréable d'éloigner un peu plus le pire, pour ne garder que le meilleur?

Merci ma Perl'! Que j'aime te lire, moi aussi!
Ma Millie, c'est très joli, ce triangle d'amour! Et merci pour le compliment! J'vous adore!!

Petit avant-propos: faut pas croire, ça va pas durer longtemps les petites douceurs de la vie Le monde réel va bientôt rattraper les vacanciers




La route qui les conduisait à la maison sentait bon les fleurs des champs et le maïs.
Sur les bas-côtés se dressaient des haies broussailleuses sur lesquelles poussaient quelques poignées de mûres sauvages. Délicieuses.
À chaque passage de sa princesse, qui allait et venait inlassablement le long de la route, sur sa bicyclette, Danny lui en offrait quelques-unes.
"La prochaine fois, on prendra un panier et on fera une tarte!" lui annonça-t-elle en mettant un pied à terre, avant d'engloutir deux mûres de plus, et de repartir vers l'avant.
Tout en restant attentif à l'arrivée d'éventuelles voitures, Danny parcourut une dizaine de mètres en savourant quelques fruits. Puis, repérant de l'autre côté de la route un nouvel essaim, s'y dirigea afin d'en cueillir une autre petite tournée.
"Tu sais faire ça, les tartes?" lui demanda-t-il en déposant dans sa petite main tendue les deux plus beaux fruits qu'il venait de trouver.
"Non, mais on pourra demander la recette à maman au téléphone, ce soir?" suggéra-t-elle.
Il acquiesça. L'idée était plutôt alléchante. Et elle repartit dans l'autre sens. Danny croqua sa dernière mûre. Pour lui aujourd'hui, c'était terminé. D'ailleurs, elles commençaient à sérieusement se raréfier à mesure qu'ils approchaient de la maison. Il garda donc précieusement celles qu'il avait dans la main afin d'avoir de quoi ravitailler sa princesse jusqu'à la ligne d'arrivée.
Il se dit qu'il allait garder de cette longue promenade à la campagne un souvenir impérissable. Quelque chose de très particulier, qui lui laisserait dans un coin de sa tête un endroit où se réfugier quand il en aurait besoin.
Un coin de paradis auquel se raccrocher si jamais il retournait un jour en enfer...
Deux brefs coups de klaxon lui ôtèrent ses idées de la tête.
En une demi-seconde, il repéra Eileen sur son vélo, trente mètres devant lui, puis la voiture qui approchait derrière eux, mais en ralentissant. Elle dépassa Danny, puis s'arrêta sur la droite de la route.
Il vit Eileen faire demi-tour, et se mettre à pédaler tranquillement vers la jeune femme qui en descendit.
Tandis que Danny les rejoignait, il réalisa qu'elles se connaissaient bien. Sans compter qu'il y avait comme un petit air de famille...
"Qu'est-ce que tu as grandi!!" s'étonnait la conductrice aux cheveux châtains incroyablement lisses et légers, qui frôlaient ses fines épaules. "Ta maman m'a dit que vous restiez toute la semaine?"
"Oui!" s'en réjouit Eileen comme si elle venait de l'apprendre.
"C'est génial!" s'exclama-t-elle en se penchant en avant, posant ses mains sur ses genoux: "J'ai eu peur, je croyais qu'on allait pas se voir cet été!"
"Moi aussi! À cause de maman qui travaille trop! Mais elle a dit que je pouvais venir, parce que c'est Danny qui me garde!" ajouta Eileen alors que cette jeune femme le savait sans doute déjà.
Mais elle semblait s'amuser de l'enthousiasme de la petite. Elle se redressa et fit face à Danny qui arrivait à leur hauteur: "Bonjour, je suis Ariane Parker", lui apprit-elle en lui tendant la main.
Danny la lui serra et, sans le vouloir, elle aperçut ses cicatrices. Certaines d'entre elles ne s'effaceraient jamais.
"Danny Messer", se présenta-t-il.
Mais tout cela, elle le savait aussi. Parce qu'Ariane était la soeur d'Alanis. Et qu'Alanis ne lui cachait jamais rien.
"Enchantée!" dit-elle avec un large sourire.
À travers ses fines lunettes aux verres teintés il voyait ses yeux couleur noisette, comme ceux d'Alanis. Elles avaient toutes les deux le même regard, mais celui d'Ariane était vif et perçant. Elle voyait.
"Bon, écoutez! J'ai un million de choses à faire aujourd'hui, mais demain j'organise un petit barbecue à la maison. Ça vous dit?"
Eileen sautilla sur la selle de sa bicyclette en souriant, mais attendit que Danny donne sa réponse officielle.
"Bien sûr", accepta-t-il sans hésiter.
"Génial!" s'exclama Ariane. "Alors à demain? Midi? Puce, tu te souviens du chemin?"
"Oui!"
"Alors je te fais confiance."
Elles s'embrassèrent affectueusement, puis Ariane posa sa main sur le bras de Danny: "La maison aux volets bleus, de l'autre côté du lac", lui murmura-t-elle discrètement pour ne pas vexer Eileen. Plus fort, elle ajouta: "Et n'apportez rien, j'ai tout ce qu'il nous faut! D'accord?"
Il ouvrit la bouche pour protester mais déjà elle lui avait fait un grand sourire, un petit signe de la main, frictionné les cheveux de la petite et demi-tour vers sa voiture.
"Bonne fin de journée, les enfants! À demain!" s'écria-t-elle en s'installant au volant.
Puis elle redémarra, et klaxonna encore deux fois avant de s'éloigner, au loin.
"Je lui cueillerai un bouquet de fleurs sur le chemin", le rassura Eileen en voyant son air contrarié à l'idée d'arriver chez tati Ariane les mains vides.
Il baissa les yeux vers elle: "C'est une excellente idée", approuva-t-il.
Elle se remit dans le sens de la marche, et ils reprirent tranquillement le chemin de la maison. Cette fois, elle pédala plus doucement afin de rester à sa hauteur.
"Vous êtes tous comme ça, dans la famille?" voulut-il savoir.
Eileen explosa de rire en guise de confirmation, aussi belle à voir qu'à entendre. Il lui tira la langue, et elle l'imita aussitôt. Sûrement histoire de savoir lequel des deux avait la langue la plus violette...

Ma Perl'!! Merci pour ton com!
Didonc, j'ai galéré pour retrouver le topic tellement il était loin!! lol


Un Courage en Peluche (5)

Eileen se réveilla en sursaut.
Elle venait d'entendre l'écho.
Ses petites mains affolées explorèrent les couvertures à la recherche de son nounours. Dès qu'elle le retrouva, elle le serra tout contre elle et attendit dans le noir que quelque chose se passe. Quelque chose qui lui indiquerait ce qui venait de se passer.
Pendant quelques secondes, elle se crut ailleurs, chez elle à New York. Mais se rappela bien vite que sa maman n'était pas là. Et que Danny, lui, était là à côté.
C'était l'écho de son cri qu'elle venait d'entendre.
Il avait fait un cauchemar.
Que lui avait-il dit à propos de ça, déjà? Que si jamais ça arrivait, il ne fallait pas qu'elle s'inquiète? Et elle, que lui avait-elle répondu? Qu'elle allait essayer.
Donc c'est ce qu'elle fit. Elle essaya.
Cependant, malgré tous ses efforts, ça ne la quittait pas. Une sorte d'angoisse sourde envahissait peu à peu son esprit apeuré de petite fille. Le seul moyen de se débarrasser de cette horrible sensation, c'était d'aller au devant des choses. C'était d'aller voir s'il n'y avait vraiment aucune raison de s'alarmer.
Elle alluma sa lampe de chevet.
Contrairement à ce qu'elle avait imaginé, la lumière inondant sa chambre ne la rassura pas du tout, mais alors pas d'un poil.
Elle prit donc son courage à deux mains, un courage en peluche, et se dégagea de ses couvertures avant de trop réfléchir et de s'y réfugier sans plus avoir le courage de bouger.
Elle sauta du lit et se mit à trottiner, pieds nus, jusqu'à la chambre de Danny...
Il suffoquait et tremblait entre les bras de McKie. Ce monstre venait de lui sauter dessus par derrière pour lui faire encore une fois regretter le jour où il était venu au monde.
Il voulait s'en débarrasser, mais les mains de son tortionnaire étaient partout sur lui, le monstre était partout à l'intérieur de lui. Ça lui filait des frissons d'horreur, et la nausée. Et une terreur sans nom.
Il se sentait oppressé à un point qu'il n'avait jamais connu.
Ça recommençait.
"FOUS-MOI LA PAIX!!!!" hurla-t-il.
Mais en voulant se débattre pour se dégager de l'emprise de McKie, il se rendit compte qu'il n'y avait rien contre quoi se battre, à part un fantôme et sa propre folie.
Il se redressa et s'assit, sur son lit. Il n'était pas là-bas, dans cette cave. Il était en sécurité. McKie était mort.
Pourtant il se glissa jusqu'à la tête du lit, et s'appuya contre le mur. Pour être sûr que personne ne se trouvait là, juste derrière lui à lui murmurer des horreurs et à le toucher. Il alluma la lumière d'une main tremblante et se concentra de toutes ses forces pour se persuader que tout allait bien, et que tout allait bien se passer, comme toutes les autres fois.
Pour se persuader que cette chose qu'il avait à l'intérieur de lui n'existait pas. Qu'elle n'existait plus.
Debout sur le pas de la porte, à se demander s'il n'allait pas lui reprocher son inquiétude, Eileen hésita à lui signaler sa présence de quelque façon que ce soit.
Il était recroquevillé sur son lit complètement défait, à grelotter de froid et de peur. Ses coudes étaient posés sur ses genoux, et sa tête baissée enfouie entre ses mains. Il ne respirait pas très bien, certes, mais au moins il ne pleurait pas.
Elle s'approcha de lui, lentement. Avec dans ses bras son nounours, et son pouce dans sa bouche dont elle mordillait l'ongle nerveusement.
Elle eut un léger mouvement de recul quand Danny redressa sa tête et qu'il posa ses yeux sur elle.
Le moment qu'il avait tant redouté était arrivé. Et il ne savait pas quoi faire, ni quoi lui dire. Il l'effrayait mais n'avait même plus assez de force et d'assurance pour au moins essayer de la réconforter. Ou ne serait-ce que faire un geste vers elle.
Eileen avala difficilement sa salive. Elle ne savait pas quoi faire ni quoi dire non plus. Mais quand elle vit une larme couler sur la joue de Danny, et qu'elle comprit que c'était une larme de désespoir, elle posa son nounours sur le lit, grimpa à côté de lui et le serra très fort contre elle.
Danny l'accueillit à bras ouverts. Il la serra tendrement contre lui, et lui caressa les cheveux.
Elle le serrait vraiment de toutes ses forces, jusqu'à en vibrer.
C'était comme si elle voulait retrouver le Danny qu'elle connaissait, celui qui la faisait rire, qui la protégeait, celui qui n'avait peur de rien, et qui était heureux. Elle voulait aller le chercher, aussi loin qu'il était, pour le ramener ici, près d'elle.
Et au fond de lui, Danny commença à réaliser qu'elle y parvenait.

Citation :

Elle prit donc son courage à deux mains, un courage en peluche,

C'est mignon comme tout.

Je détèste les cauchemards que tu crées, ils sont tellement réalistes et tellement bien décrits que ça m'en file la chair de poule.

Citation :

C'était comme si elle voulait retrouver le Danny qu'elle connaissait, celui qui la faisait rire, qui la protégeait, celui qui n'avait peur de rien, et qui était heureux. Elle voulait aller le chercher, aussi loin qu'il était, pour le ramener ici, près d'elle.
Et au fond de lui, Danny commença à réaliser qu'elle y parvenait.

J'aime cette partie là, elle est absolument fabuleuse.

Je sais même plus quoi citer. Ce chapitre dans son ensemble est à couper le souffle. Y a rien à jeter, tout est bon à prendre (enfin à lire mais bon...) C'est dingue comme elle m'avait manqué cette fic

Merveilleusement fabuleux ! c'est magistral !
C'est tout pleins d'emotions, de tristesse, Pauvre bout de chou si effrayait mais tellement courageuse je l' et Pauvre Danny decidement ca ne s'arretera jamais !
Enfin tout ca pour te dire que j'ai


*NiNa*