CSI:NY ~ roundrobin ~ Amnesia

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Eléa fut la première devant la porte, prête à partir. Il valait mieux qu’elle fasse vite cette séance d’hypnose avant de changer d’avis et de se rétracter. Elle savait que son soudain courage, apparut lorsqu’elle avait appris que certains voulaient sa mort, pouvait la quitter à tout moment. Si la peur de mourir lui donnait des ailes, elle pouvait très vite retomber sur terre. Et dans ce cas, la chute ferait très mal. Elle se posta donc dans l’entrée, attendant les deux policiers. Don enfilait sa veste, son portable collé à l’oreille, tentant de contacter Mac sans y parvenir. Il lâcha un juron, laissa tomber le petit appareil sur le divan et termina de mettre sa veste. Danny, de son côté, cherchait désespérément ses clés de voiture. Mais il n’y avait rien à faire, il ne les trouvait pas.

-Don ? Appela t-il
-Quoi ?
-T’as pas vu mes clés ?
-Comment veux-tu que je vois tes clés alors que tu es le roi pour les mettre dans les pires endroits ?
-Puisque tu me connais aussi bien, aide moi à les chercher.

Eléa ne put s’empêcher d’avoir un petit sourire à l’entente de leur discussion. Ces deux-là étaient vraiment spéciaux.

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Après quinze minutes de recherche, aucune clé n’avait été trouvée. Eléa commençait sérieusement à s’impatienter mais ne préférait pas fouiller un appartement qui n’était pas le sien. Don soupirait de plus en plus souvent, excédé face aux comportements des deux jeunes gens et se sentant comme une baby-sitter ou un grand frère. Quant à Danny, tout aussi agacé, il refusait de sortir avant d’avoir trouvé ses maudites clés.

-J’ai quelque chose. Prie pour que ce soit ça Messer. S’exclama Don en train de fouiller sous un meuble

Il avait sentit un petit objet entre ses doigts. Seulement, il se rendit bien vite compte que cela n’avait pas la forme de clés et que, plus encore, c’était accroché au meuble. C’était comme soudé. Danny s’approcha et s’accroupit à ses côtés avant de regarder sous le meuble. Mais l’obscurité cachait quasiment tout. Il ne voyait que les doigts de Don s’affairant sur quelque chose d’argenté. Mais il ne savait pas quel était cet objet. Finalement, le détective tira d’un coup sec. Il se retrouva avec une petite puce dans sa main et la montra à son meilleur ami. Ce dernier ferma les yeux un instant, comprenant ce que cela voulait dire.

-On sort. Dit-il
-Quoi ? S’exclama Eléa. Mais, les clés ?
-On va prendre la voiture de Don.
-Tu pouvais pas le dire avant. S’énerva celui-ci

Il soupira, prit ses clés et son portable et sortirent de l’appartement en silence. Arrivés dans les escaliers, Eléa posa ses mains sur ses hanches.

-Vous m’expliquez ce qui se passe ?
-L’appartement est placé sur écoute…
-De la police ?
-Non. Je pense plutôt que c’est votre frère qui est derrière tout ça.
-Pourquoi ?
-Pour vous et… pour Danny. Hésita Don

***

Ils arrivèrent dans le parking et se dirigèrent vers la voiture de Don, à l’opposé de celle de Danny. Mais avant qu’ils n’aient eu le temps de faire un pas de plus, un grand bruit résonna dans le hangar. Une détonation. Et ils furent tous trois projetés à terre. Don roula sur le côté tandis que tout se voilait à cause d’une épaisse fumée et distingua la cause de ce vacarme et de ce choc. Aussitôt, il fut soulagé d’avoir garé sa voiture à cet endroit du parking.

-Qu’est ce qui se passe ? Demanda Danny en se relevant
-Tu peux dire adieu à ta voiture.

En effet, à l’autre bout du parking, il ne restait de la voiture de Danny qu’un tas de cendres et de flammes.

* * * * *

Don fut le premier à sortir du laboratoire pour se retrouver dans un couloir vide. Il vit, un peu plus loin, Mac dans son bureau. Ce dernier le fixait, les sourcils haussés et une lueur interrogatrice dans le regard. Le détective acquiesça avec un léger sourire, lui montrant que tout allait bien. Ou presque. Danny et Eléa suivirent, le jeune homme aidant l’ancienne amnésique à tenir debout. Les deux jeunes gens passèrent devant Don qui haussa les épaules, les mains dans les poches. Tous deux étaient si semblables. Lorsqu’ils avaient décidé quelque chose, il était difficile de leur faire changer d’avis. C’était une des choses qui les caractérisait le plus.

-Merci Eléa. Dit-il soudain

La jeune femme s’arrêta brutalement et se retourna, sans aide, étonnée. Elle s’avança faiblement vers Don tandis que Danny restait légèrement en retrait, un grand sourire sur les lèvres.

-Ai-je mal entendu ? Lui demanda t-elle avec une ébauche de sourire qui disparut bien vite
-Si vous avez entendu que je vous disais « Merci » alors oui, c’est correct.
-P… pourquoi ?
-Parce qu’en fait, vous étiez honnête depuis le début et parce que vous nous avez mis dans une belle galère… mais vous faites tout pour nous en sortir. Merci pour ce sacrifice.

Eléa fit un mouvement de la tête en réponse. Il n’y avait rien à ajouter à cette phrase, il n’y avait rien de plus à dire. Du moins pour l’instant et sur ce sujet. Trop en parler ne servirait à rien si ce n’est à s’enfoncer plus encore dans un brouillard bizarre. Seulement, la jeune femme savait qu’elle aurait du enchaîner en le remerciant lui aussi. Pour un grand nombre de raisons. Parce qu’il l’avait d’abord tolérée, puis acceptée, pardonnée. Il avait fait tout cela en parti parce que Danny le lui avait demandé mais il l’avait fait. Il ne l’avait pas ignorée. Même si ses répliques étaient sarcastiques au départ, elle n’était pas une poupée pour lui. Elle n’était pas ce qu’elle était pour son frère. Alors, peut-être que maintenant, elle avait trouvé son nouveau grand frère, ses deux grand frères. Don avait finit par l’apprécier, elle le sentait à présent. Elle savait que maintenant, elle entrait aussi dans son champ de protection. Il n’y avait plus uniquement Danny qui comptait aux yeux de Don, elle aussi avait une place. Plus petite, mais elle en avait une.

-Vous êtes vraiment comme lui. Soupira soudain Don
-Je te signale que le lui t’entend. Lui répondit Danny, faussement vexé. Alors t’étouffes pas trop avec les compliments.
-Très drôle Messer.

Don fit quelques pas pour rejoindre Danny qui lui donna un coup de poing sur l’épaule. Eléa les regarda, se disant que, quand tout serait vraiment terminé, elle pourrait profiter de sa nouvelle famille. Seulement, rien n’était encore terminé. Elle repensa à son frère et à tout ce qu’elle avait subit à cause de lui. Elle repensa à la peur qu’elle avait, tout au fond d’elle, mêlée à la haine. Elle frissonna soudain. Elle se reprit rapidement et rejoignit ses deux amis qui l’attendaient toujours. Mais, en pensant que tout n’était pas terminé, elle avait parfaitement raison. Et elle le réalisa en sortant des laboratoires…

Du blanc. C’est la première chose qui leur venait à l’esprit. C’était surtout celle qui venait à l’esprit de Danny. Du blanc, partout. Les murs portaient cette couleur tout comme les blouses des infirmières et des médecins. Tout comme les draps sur les divers brancards qui passaient devant eux. Blanc. Comme ce qu’il revoyait lorsqu’il essayait de se souvenir de la scène. Il n’y avait qu’un écran blanc, un flash blanc ou un mur blanc. Peu importe la matière, la couleur était toujours la même. Eléa, elle, pouvait ajouter le rouge à ce tableau blanc. Des petites tâches, des gouttes. Comme celles qui se trouvaient sur ses vêtements. Du sang. Elle sursauta lorsqu’un infirmier passa juste à côté d’elle, en courrant. Oui, tout était allé très vite. Si vite qu’aucun des deux ne réalisait vraiment ce qui se passait. Tout était blanc… ou rouge. Du moins, jusqu’à ce que Kyle ne prenne la fuite. Danny avait crié. Quelqu’un avait appelé une ambulance. La sirène résonnait encore à leurs oreilles accompagnées des voix affolées des ambulanciers. Il avait fallut vite le mettre sur un brancard, comprimer sa plaie, vite vite vite, monter à bord. Vite vite vite. Il perdait beaucoup de sang. Ils se souvenaient des bribes de conversations entre les trois hommes. L’emmener au bloc. Il y avait urgence. Il perdait trop de sang. Il fallait se dépêcher. Puis ils étaient arrivés. Et là, tout s’était enchaîné. Les ambulanciers avaient passé le relais aux médecins qui avaient conduit le brancard en toute vitesse. Et eux, ils se retrouvaient là. C’était ce qu’ils détestaient avec les hôpitaux. Surtout Danny. Il avait déjà vécu ça. Et c’était parfois trop douloureux. Comme maintenant. Ils n’avaient aucune nouvelle, personne ne se souciait d’eux ni même de leur inquiétude. Et pourtant, il était évident qu’ils s’inquiétaient. Il ne restait plus que cet élément en eux, coulant dans leurs veines à la place du sang. Ils attendaient sans savoir. Etait-il trop tard ? Ils n’en savaient rien. Mais ils avaient peur, plus peur que jamais. Parce qu’il était trop tôt, parce que tout était allé trop vite, parce que tout était trop blanc ou trop rouge. Parce que Don ne pouvait pas mourir comme ça, pas maintenant, pas ici. Ils ne pouvaient pas accepter cette idée. Celle de perdre un ami, un frère. Il ne leur restait plus qu’une solution. Avoir peur, attendre, s’inquiéter. Parce qu’ils ne pouvaient pas rester indifférent à tout cela.

-Excusez moi ?

Danny sursauta, perdu dans le monde des rêves, auprès de son meilleur ami, en pleine santé.

-Oui ?
-Vous êtes là pour le lieutenant Donald Flack Junior ?
-Oui.

Ils sentirent leur gorge se nouer. Maintenant ils ne pouvaient plus reculer. Ils allaient enfin savoir. Mais était-ce vraiment mieux que l’ignorance ? C’était à cet instant que la peur et l’inquiétude étaient à leur apogée

-La balle a touché la veine cave et il a perdu beaucoup de sang, nous l’avons emmené au bloc et...
-Mais dites nous s’il va bien ! S’énerva Danny
-Il est sortit d’affaire.
-On peut le voir ? Intervint Eléa d’une voix faible
-Non. Il se repose pour le moment, il vaut mieux attendre un peu. Je vous tiendrai au courant.

Et le médecin s’éloigna. Et ils réalisèrent qu’ils n’allaient pas mieux que quelques minutes plus tôt. Don était vivant, il avait été sauvé de justesse et il allait bientôt retrouver toute sa forme. Cela ne faisait aucun doute. Cependant, tout cela n’aurait jamais dû se passer. Il avait quand même faillit mourir, il aurait pu y rester. Eléa s’appuya contre le mur tandis que Danny y abattit son poing avant d’y poser son front. Le soulagement ne voulait pas venir. La colère, le désarroi le remplaçaient. Comment cela avait-il pu se produire ? Ils ne devraient pas ressasser, ils le savaient. Mais ils n’arrivaient pas à s’en empêcher. Parce que c’était Don. Il avait agit comme un véritable grand frère depuis le début ou une baby sitter. Il les avait protégé, surveillé. Et même s’il s’en était légèrement plaint, il l’avait fait avec brio. Il était allé jusqu’à se sacrifier, à se mettre devant la balle. Si la confusion régnait toujours dans leurs esprits, une chose était sûre. Cette balle ne lui était pas destinée. Alors pourquoi ? Aucune réponse ne pouvait être apportée à ce genre de question. Malheureusement.

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